Ou bien…
Cour d’Assises de Paris, août 2014. L’audience se déroule dans un calme hypnotique. Sybille, le regard vitreux, écoute Jean-No, qui s’exprime calmement à la barre depuis bientôt une heure.
« Et puis toute cette littérature au rabais me tuait à p’tit feu, plus rien n’avait de sens depuis American Psycho… Beigbeder avait commis l’irréparable, accouchant d’une génération de Lolitas d’opérette, qui tombaient pile pour ne pas perdre la face… Salaud de Beigbeder… A l’époque nous étions tous des artistes éphémères, des "stars dans un ciel sans étoile", selon la célèbre expression de Guillaume Duglan… Et un jour j’ai compris, dans un fulgurant éclair d’inspiration… ça m’est venu comme ça, vous voyez, c’était comme… comme un enchaînement naturel... Nous devenions grotesques, à vouloir nous identifier à ces icônes chimériques d'une hypothétique "culture underground", icônes que les magazines branchés mettaient soigneusement en scène. Il nous manquait toujours quelque chose pour leur ressembler vraiment… un truc indéfinissable… et c’est ce truc qui m'obsédait, vous comprenez, c’est ça qui me hantait jour et nuit… C’est pour ça que j’ai commencé à tuer. »
La voix stridente de Sybille retentit soudainement dans la salle.
– Chéri, tu as préparé le café ??? Chériiii ???
– Hein, quoi, qu’est ce que ?? Non laissez moi parler, je… Jean-No sursauta brusquement dans son lit, couvert de sueur, le regard halluciné.
– Putain t’abuses, tu t’étais rendormi… Tu fais chier là, j’te rappelle qu’on a un brunch dans vingt minutes chez Colette...
Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.