Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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Qui est in, qui est out…

« Putain regarde moi ça… y’a plus que des trentenaires au Pause-Café… C’est déprimant… » Sybille acquiesce mais elle n’a pas vraiment écouté Jean-No, de toutes façons elle s’en fout : si elle aime squatter cette terrasse au mois d’août c’est pour entretenir son bronzage, point barre.
Un peu nerveux, Jean-No joue avec ses lunettes de soleil. « Tiens j’ai vu que les casseurs2hype distribuent des bons points maintenant… C’est marrant… Ils ont dit beaucoup de bien de la dernière soirée de Carl, vendredi dernier. Qu’est ce que t’en penses ? Avant moi j’croyais que le truc le plus tripant c’était de se faire casser sur leur site, genre c’est moi l’ennemi public number one dans la hype, yeah baby ! ça le faisait grave… Maintenant je sais plus… ça le fait aussi d’être “approved by casseurs2hype”, non ? »
Jean-No attend une réaction de Sybille, qui grommelle un vague « mmm… », tout en dévisageant un voisin de table qu’elle croit un instant reconnaître.
« Ah et puis y’a un autre truc chelou en ce moment : il paraît que Fredbeig est pressenti pour un show en prime time sur Canal à la rentrée. Putain l’angoisse… là je sais vraiment pas quoi en penser. A la soirée de Carl y’a une tache de presse qui m’a branché sur ce sujet, j’étais super mal à l’aise. Y’a deux ans quand tu disais que t’avais kiffé 99 francs tout le monde était d’accord… aujourd’hui t’as l’air d’un blaireau quand tu dis ça, on te regarde comme si tu venais de la “France d'en-bas”… Et puis son émission sur Paris Preum’s c’était quand même pas terrible. Il est devenu mielleux, non ? Enfin ché pas… C’est quand même Fredbeig, merde ! D’ailleurs chez Tech ils en disent encore du bien, alors bon, euh… je sais vraiment pas… »
Espérant une éventuelle réaction de sa compagne, Jean-No avale une petite gorgée de Martini, puis reprend son monologue.
« C’est comme Ariel : c’est un bon pote, mais y’a des jours il est vraiment naze, il me fout carrément la honte... comme à la soirée des Bratisla Boys, un pur traquenard… Et j’crois bien qu’il projette de se lancer pour de bon dans le théâtre et le cinoche, ça me fait un peu flipper… Ce qui est chiant avec ce genre de mec, c'est qu'on sait jamais s'ils sont encore dans la hype, ou s'ils sont déjà dans le système, tu vois ce que je veux dire ? Quand ils débarquent dans la hype, ils lancent un buzz et t'es tout de suite au courant... Ils pourraient faire pareil avant de quitter la hype, comme ça on saurait exactement qui est fréquentable et qui ne l'est plus... Qu’est ce que t’en penses, Syb ?»
Sybille se redresse brusquement sur son siège et se tourne vers Jean-No, le regard pétillant, un petit sourire aux lèvres. « Dis mon petit chéri d’amour, tu m’invites au resto ce soir ? »
Parfois Jean-No se sent légèrement pathétique.