Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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8/20/2003

"Le Bourgeois pauvre c'est déjà le Bourgeois-artiste que Bloy carbonise avec bonheur dans plusieurs autres exégèses (comme XXVIII, " Être poète à ses heures ", CII, " Encourager les Beaux-Arts ", CIX, " Petit à petit l'oiseau fait son nid ") ce Bourgeois à mi-temps, ce Bourgeois vacataire, ce Bourgeois de troisième type, ce Bourgeois-à-la-pige, ce Bourgeois anti-Bourgeois, ce Bourgeois-rebelle, ce Bourgeois contestataire de l'ordre établi, ce Bourgeois-bohême (déjà !), ce Bourgeois poète, peintre ou romancier, et bientôt cinéaste, musicien, plasticien, ce Bourgeois intellectuel par intérim, journaliste du dimanche, philosophe de salles de bains (je reste suave et poli), révolutionnaire syndical, nous l'avons tous reconnu, c'est nous-mêmes, ce qui n'était encore qu'une tendance socio-politique parmi d'autres à l'époque de Léon Bloy est devenu l'instance suprême du monde démocratique post-moderne, sa substance et son télos.

Le Bourgeois pauvre est par ailleurs décrit à peu près à la même époque par Nietzsche en ces termes, que n'aurait pas reniés l'auteur du Désespéré : " On travaille encore, car le travail est une distraction, mais on veille à ce que la distraction ne soit pas fatigante. On ne devient plus ni pauvre ni riche : l'un et l'autre sont trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui obéir ? L'un et l'autre son trop pénibles. "
(Ainsi parlait Zarathoustra)"

M. G. Dantec