Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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Nobody spamme sur le SDH :

" A l'égal de la foule, de la drogue et du sentiment amoureux,
l'alcool possède le privilège d'ensorceler l'esprit le plus lucide.
Grâce à lui, le mur bétonné de l'isolement semble un mur de papier
que les acteurs déchirent selon leur fantaisie, car l'alcool dispose
tout sur un plan théâtral intime. Illusion généreuse et qui tue
d'autant plus sûrement.

Dans un bar ennuyeux, où les gens se morfondent, un jeune homme
ivre brise son verre, saisit une bouteille et la fracasse contre un
mur. Personne ne s'émeut ; déçu dans son attente, le jeune homme se
laisse jeter dehors. Pourtant, son geste était virtuellement dans
toutes les têtes. Lui seul l'a concrétisé, lui seul a franchi la
première ceinture radioactive de l'isolement : l'isolement intérieur,
cette séparation introvertie du monde extérieur et du moi. Personne
n'a répondu à un signe qu'il avait cru explicite. Il est resté seul
comme reste le blouson noir qui brûle une église ou tue un policier,
en accord avec lui-même mais voué à l'exil tant que les autres vivent
exilés de leur propre existence.Il n'a pas échappé au champ
magnétique de l'isolement, le voici bloqué dans l'apesanteur.
Toutefois, du fond de l'indifférence qui l'accueille, il perçoit
mieux les nuances de son cri ; même si cette révélation le torture,
il sait qu'il faudra recommencer sur un autre ton, avec plus de
force ; avec plus de cohérence.

Il n'existera qu'une commune damnation tant que chaque être isolé
refusera de comprendre qu'un geste de liberté, si faible et si
maladroit soit-il, est toujours porteur d'une communication
authentique, d'un message personnel adéquat. La répression qui frappe
le rebelle libertaire s'abat sur tous les hommes. Le sang de tous les
hommes s'écoule avec le sang des Durruti assassinés. Partout où la
liberté recule d'un pouce, elle accroît au centuple le poids de
l'ordre des choses. Exclus de la participation authentique, les
gestes de l'homme se dévoient dans la frêle illusion d'être ensemble
ou dans son contraire, le refus brutal et absolu du social. Ils
oscillent de l'un à l'autre dans un mouvement de balancier qui fait
courir les heures sur le cadran de la mort. "