"Que reste-t-il des personnes quand la personne se dissout, disparaît, s'envole
de l'autre côté de l'air, des choses du jour, de la limite indécise de la nuit,
des requêtes impérieuses du prochain, de l'amour à présent presque inexistant
qui un jour a embrasé le jour, de l'horizon infini du désert, des fleuves qui
sont des chemins qui marcheraient pour ne jamais nous conduire dans un lieu
commun, de l'aile des oiseaux, du corps tuméfié, dévoré d'un dieu et de ses
sacrificateurs, du lieu de la clef et du trésor caché, de toi, de moi, que
reste-t-il de l'ombre?
Il resterait, peut-être une poignée innocente d'une très brève cendre et,
dessous, la braise, les restes du feu qui palpite encore, de l'être qui a été,
de celui qui sera encore, de celui qui ne sera jamais, de celui qui jamais
n'est advenu.
Se dissoudre as-tu dit, ou naître pour toujours dans l'au-delà des masques."
José Ángel Valente, "Masques", à Manolo Alvarez, "Chansons d'Au-delà"
Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.