Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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F. Mizio lit vite, comprend peu et ramène sa fraise quand même.

Le clubber platement hédoniste et le rat de vernissage n'ont pas grand chose à voir dans les faits avec la spécificité du défilé de bottes et les déportations d'opposants politiques. Tracer des lignes de contact entre ce mot surgalvaudé, "fascisme", et la hype parisienne n'est tout simplement pas le propos (malgré les apparences, hou, gardons-nous des apparences). L'usage incontinent de mots tels que "fascisme" ou "racisme" finissent en effet par tuer leur signifié : en banalisant le terme, on banalise la notion. A voir des fascistes partout, on ne les voit pas surgir quand ils le font réellement. Le nivellement du langage débouche logiquement sur un nivellement des idées. Le fait est que la mode est au superlatif, à la surenchère, doublés de cet emploi ad nauseam de notions qualifiées par un manichéïsme infantile de "bonnes" (tolérance, respect, art, culture) qui subissent par contre-coup ce même nivellement, cette banalisation criminelle, cette uniformisation fade et ce refus de la polémique. Des concepts tièdes, comme en témoigne le navrant livre de Lindenberg sorti récemment, qui mélange alégrement tous les auteurs et philosophes qui n'ont pas le bon goût d'adopter sa vision de la démocratie et le la bien-pensance moderne, et qui sont par conséquent, dans son optique éminemment "progressiste", des réactionnaires.

Le parallèle vise les caractéristiques grégaires du hypeux (culte de soi, tribalisme hédoniste), et celles du fasciste de base (pas Hitler, donc, pas Mussolini non plus), l'extrêmiste basique, celui qui vote pour les monoculaires par conviction molle depuis son quotidien commun et inculte. Cette inculture généralisée est sans doute encore à l'oeuvre chez cette "hype" imbécile, qui pousse l'outrance jusqu'à appeler un site de modeux "fashists !", nonobstant la charge politique du mot. La comparaison ne vise donc absolument pas à galvauder le terme « fascisme », dont l’horreur n’a rien à voir avec la vacuité festive des « milieux » ; le parallèle est pertinent au niveau des tares de base qu’il faut trimballer pour intégrer le troupeau. En un mot, le conformisme de la caste.

La précision est donc claire selon laquelle le hypeux N'EST PAS un fasciste. Il est même désépérément tolérant, ouvert - non, il est "open" - surinformé et jouisseur. "Homo festivus", narcisse moutonnier qui sort en club comme d'autres vont au bureau. Homo cretinus, qui se croit tellement civilisé, qu'il ne conçoit pas un instant d'avoir le moindre point commun avec la consensuelle figure du Mal, le fasciste, le sectaire, le ségrégationniste, qu'il abhorre parce qu'on lui a dit de l'abhorrer. Le hypeux est anti-fasciste. Il l'est de façon prédéterminée, irréfléchie, instinctive, mais rien en lui ne le prémunit de la dérive sectaire, au contraire.

Tout comportement grégaire est identique, qu'il consiste à s'envoyer de la coke dans les chiottes du Flore en y voyant une subversion, ou qu'il se résume à glorifier "Travail Famille Patrie" en écrasant une larme sur le sort de Laval et sur le second tour des dernières présidentielles. Que le parallèle choque ensuite quelques âmes prudes, je dois avouer qu'on s'en cogne vigoureusement. Quant aux historiens, s'ils n'auront évidemment aucune notion de cette éphémère appellation d'origine incontrôlée (la "hype" ?), on peut espérer qu'ils auront un certain mépris envers cette époque platement festive et consumériste.

Enfin et surtout, il m'avait semblé que Jean-Yes avait parfaitement établi la limite de la comparaison en ces termes : "Notre lot de consolation : la hype est un conformisme social, mais elle préfère la médiocrité, la solitude ou l’autodestruction à la barbarie."

Mais j'avoue avoir un faible pour tous ceux qui usent de termes tels que "pornographie du réel", ou qui pratiquent la psychologie de comptoir, et je déclare ma flamme à monsieur Mizio, emblème de l'enfonçage de portes ouvertes et de la lecture en biais.