Hype Club
Hype et fascisme : une analyse comparative qui pourrait réserver bien des surprises… Et pour laquelle il ne serait pas superflu de convoquer le brillant sociologue Michel Maffesoli – la caution intellectuelle des hypeux parisiens.
Quoi de plus caractéristique de la hype et du fascisme que cette fameuse « socialité » organique que Maffesoli décèle dans le phénomène tribal, cette logique de l’affect qui remplace la logique de l’identité, cet oubli de l’individu dans la « viscosité » du groupe, cette recherche permanente du lien fusionnel qui culmine dans « l’instant éternel » des manifestations festives et orgiaques ? Et quoi de plus ambigu que cet idéal nietzschéen cher à notre sociologue, cette louable volonté de dire oui à la vie, de dompter le mal plutôt que de le rejeter, et de renouer avec un élan vital à la fois dionysiaque et apollinien, presque héroïque ?
Ces ambiguïtés, ces formidables contradictions, nous les avons tous déjà ressenties de façon diffuse, ce sont des questions que nous nous posons sans forcément nous en rendre compte. Et c’est cette interrogation fondamentale sur notre part d’animalité et sur notre soif d’expériences extatiques qu’illustre à merveille le roman/film Fight Club… Cet improbable manifeste hype et paléo-fasciste nous rappelle, avec une troublante pertinence, à quel point le fascisme se présente d’abord et toujours comme une forme de subversion ; à quel point il séduit l’individu atomisé et désabusé en lui suggérant de retrouver un contact vital avec la réalité, en lui proposant des expériences de vie intenses et inédites dans une société morne, conformiste, ultra-rationnelle et aseptisée, en lui rappelant qu’il a en lui des forces insoupçonnées, des pulsions primitives qui ne demandent qu’à être assouvies, en le poussant à révéler enfin sa personnalité effervescente. Vu sous cet angle, il faut être bien tiède pour ne pas être tenté par une telle philosophie… Et il faut une certaine lucidité pour ne pas succomber à « l’instinct du troupeau », quelle que soit sa forme, et recréer presque aussitôt un nouvel ordre établi. Notre lot de consolation : la hype est un conformisme social, mais elle préfère la médiocrité, la solitude ou l’autodestruction à la barbarie.
Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.