Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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"Du Hors Champ au hors jeu : un pas ou deux. Pas d’accord avec THTH sur « le phénomène littéraire qui va prendre de manière très forte en édition ». La tendance des manuscrits reçus des micro-maisons aux grandes écuries confirme : pour l’instant presque rien. Un problème de transfert de support, probablement. L’aspect consultation/lecture en temps réel fait partie intégrante de la dynamique du blog, idem pour le coté feuilleton-real tv, pour la constellation des liens, pour les animations flash, pour les images et les sons. Difficile, très difficile à transposer sur papier. A moins d’aller chercher Coupland. Pas évident que « ça prenne » donc. Enfin, que ça prenne de manière intéressante. Au-delà du gadget, comme le roman épistolaire par mails, par exemple. Faut que ça apporte quelque chose. Une piste formelle. C’est là que ça bug chez la pythie. Le seul truc qui importe, et finalement le seul truc qui se passe avec le blog, ce n’est ni la mise en ligne de données intimes, ni un dépôt d’informations, ni la livraison d’analyses, ni les revendications, ni une perspective exponentielle de pullulements d’ego trips, de mises en fiction du soi, ni la formation de communautés de lecteurs. Ca ça fait longtemps, très longtemps que la littérature, et pas toujours la meilleure, s’en charge. Ce qu’elle a oublié, Madame Cassandre, c’est que ce qui est dit, relaté, « exhibitionniste », « 8edegré » ou pas, on s’en fout un peu en fait. Ce qui importe, et c’est là que THTH a raison, c’est que « le blog conditionne la forme même de l’écriture ». En amont il y a des contraintes, une émulation entre blogs(?), des obligations de mini-recherches, un terrain créatif autre. Et sur ce terrain, comme sur le support papier d’ailleurs, qui parle à qui de quoi ça n’a absolument aucune importance. Ce qui compte c’est : comment. L’évolution de ton, les choix des registres langagiers, les tentatives stylistiques (foirées ou pas, c’est pas le problème), sur les blogs perso. Les effets de montages, les cuts, les détournements de citations, les outils employés, les contrastes des interventions sur les blogs collectifs. Ne voir là-dedans que des lundi de Sainte Beuve webisés, des carnets de bords intimistes en mal de reconnaissance, et, plus grave, confondre ça avec de l’autofiction, c’est un peu couillon, me semble-t-il. Même si les plantages sont parfois pathétiques, les blagues lourdaudes, les liens pas très justifiés, l’auto-référencement pesant, on ne peut nier le coté laboratoire in-vivo. Il y a des expérimentations et sur la question de l’agencement et sur la langue elle-même, toutes proportions gardées. Sur l’accumulation des formes (texte/images/son), aussi. Ca reste de l'expérimentation, et s’il n’y avait pas de déchets dans l’expérimentation, ça se saurait. Les Casseurs ou Clocharisto, pour ne prendre qu’eux puisqu’ils étaient dans la ligne de mire, j’y vais pas vraiment pour suivre les merveilleuses aventures des intello-précaires au pays des Schtroumpfs noirs. Juste pour voir comment ils vont le raconter, leur dernier plan foirada. Sinon je me contenterais de téléphoner à une copine attachée de presse. Bon d’accord j’ai pas de copine attachée de presse. Mais ça doit se trouver, en cherchant bien." Chloé Delaume