Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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6/15/2003

Luis de Miranda :

"Question :

La hype n'existe pas, c'est une utopie négative. C'est une fiction produite par le fétiche de la marchandise absolue, moteur du capitalisme. De la même façon que tous les modèles de bagnole sont soutenus par le modèle fictif de la bagnole absolue, dont ils sont censés se rapprocher à mesure qu'on y met le prix, la hype est un cercle imaginaire hyper-fermé qui n'existe nulle part, seulement approchable par des simulacres de soirées vaguement fermées. OK pour détruire la hype si on est conscient que c'est une fiction. Mais je dénonce le traitement hyperbolique des soirées : le journaliste ou le chroniqueur y va et son compte-rendu est un conte de fées exagéré, on nomme orgie un banal apéro, et dès lors on crée toujours plus de frustration et de haine chez ceux-qui-n'en-sont-pas. Est-ce que c'est la frustration qui gouverne les casseurs-de-hype, ou est-ce que c'est la volonté saine de détruire les fausses fétiches et les valeurs imbéciles ?"

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La hype est une fiction, et une image. C'est une fiction, un simulacre qui consiste en effet à transcender les mondanités sponsorisées en décadences post-modernes, les nuits dans des Franprix à dancefloor en bacchanales débridées, les pondeurs d'étrons littéraires ou conceptuels en Artistes Iconoclastes, et les ourlées payantes en ivresses bohèmes. Et c'est une image, en ce qu'elle est symptomatique du tribalisme stérile qui tient lieu aujourd'hui de stratification sociale, avec ses codes et ses diktats dérisoires. Aucune frustration devant ce tableau, donc : la frustration implique l'insatisfaction d'une envie, et rien dans ce fatras strassé-pailleté mégalo-rampant n'est susceptible de provoquer l'envie.

Mais il n'y a pas non plus de valeur, même imbécile, à détruire ici. Le microcosme mondain n'en a pas.
Les seules icônes dont il s'agit sont autoproclamées, autant dire qu'elles comptent pour néant. Tout au plus est-il possible, au passage, de balancer des cailloux dans ce marais croupi histoire de troubler la surface lisse d'un ou deux egos insipides, et de pointer le doigt sur l'affligeant grégarisme beauf d'un milieu aux contours flous qui dit pourtant exécrer le conformisme et voudrait se jouer des normes.

Il n'y a rien de constructif à jeter des cailloux dans l'eau. Mais le "plouf" est toujours amusant.