« Mon métier ? Cracher dans la soupe pour lui donner du goût. »
(Léon Bloy, de mémoire)
les éditeurs ne signent souvent plus (hors de toute considération littéraire) que des auteurs capables d’assurer eux-mêmes la vente de leurs livres, soit qu’ils possèdent déjà un public acquis (vedettes médiatiques par exemple), soit un carnet d’adresses conséquent. Ainsi voit-on une surreprésentation dans l’édition de mondains à la plume vide de tout sens mais au poudrier rempli de cocaïne qui produisent des livres qui fondamentalement n’intéressent personne, ne peuvent intéresser personne, et qui pourtant, bénéficiant de quelques articles de complaisance et de deux trois passages télés se vendront suffisamment pour que l’éditeur puisse payer son imprimeur et engranger un bénéfice, certes modeste, mais sans risque et sans effort quand imposer une œuvre plus intéressante (et qui au final pourrait toucher un plus large public, témoin les succès de Despentes ou de Houellebecq) aurait demandé une prise de risque et un investissement plus conséquents. Ne répondez rien, je sais, vous me trouvez terriblement naïf (et définitivement aigri) tant vous êtes persuadés au final que le succès d’une œuvre est une affaire de hasard, qu’il est indépendant de sa qualité, mieux, pire pardon, qu’il est nécessairement inversement proportionnel à sa qualité (c’est ça probablement le fameux « respect du public » dont vous vous gargarisez tant) : qu’il doit être terrible de penser cela et de se lever chaque matin pour aller au boulot !
L'IndispensablE, mai 2004.
Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.