Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.
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8/27/2004
STENDHAL (1783-1842) - Souvenirs d'égotisme (1832)
"Je sens depuis un mois que j'y pense, une répugnance réelle à écrire uniquement pour parler de moi, du nombre de mes chemises, de mes accidents d'amour-propre. D'un autre côté, je me trouve loin de la France; j'ai lu tous les livres amusants qui ont pénétré en ce pays. Toute la disposition de mon coeur était d'écrire un livre d'imagination sur une intrigue d'amour arrivée à Dresde, en août 1813, dans une maison voisine de la mienne, mais les petits devoirs de ma place m'interrompent assez souvent, ou, pour mieux dire, je ne puis jamais en prenant mon papier être sûr de passer une heure sans être interrompu. Cette petite contrariété éteint net l'imagination chez moi. Quand je reprends ma fiction, je suis dégoûté de ce que je pensais. A quoi un homme sage répondra qu'il faut se vaincre soi-même. Je répliquerai: il est trop tard, j'ai quarante-neuf ans; après tant d'aventure, il est temps de songer à achever la vie le moins mal possible.
Ma principale objection n'était pas la vanité qu'il y a à écrire sa vie. Un livre sur un tel sujet est comme tous les autres; on l'oublie bien vite, s'il est ennuyeux. Je craignais de déflorer les moments heureux que j'ai rencontrés, en les décrivant, en les anatomisant. Or, c'est ce que je ne ferai point, je sauterai le bonheur.
Le génie poétique est mort, mais le génie du soupçon est venu au monde. Je suis profondément convaincu que le seul antidote qui puisse faire oublier au lecteurs les éternels Je que l'auteur va écrire, c'est une parfaite sincérité.>
Aurai-je le courage de raconter les choses humiliantes sans les sauver par des préfaces infinies? Je l'espère.
Malgré les malheurs de mon ambition, je ne crois point les hommes méchants; je ne me crois point persécuté par eux, je les regarde comme des machines poussées, en France, par la vanité et, ailleurs, par toutes les passions, la vanité y comprise.
Je ne me connais point moi-même et c'est ce qui quelquefois, la nuit quand j'y pense, me désole. Suis-je bon, méchant, spirituel, bête? Ai-je su tirer un bon parti des hasards au milieu desquels m'a jeté et la toute-puissance de Napoléon (que toujours j'adorai) en 1810, et la chute que nous fîmes dans la boue en 1814, et notre effort pour en sortir en 1830? Je crains que non, j'ai agi par humeur, au hasard."