Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.


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Dernière interview par Antoine Jobard pour Les Souterrains



Photos par LMDP du Collectif 5.6 - Tout droit réservé

Dernière interview (orale) par Antoine Jobard pour Les Souterrains.

« D’habitude, c’est une casquette qui vous parle. Modèle fin XXe siècle. Noire. Des allures de fausse couronne ou de casque militaire, on ne sait pas. Elle vous balance un “Paris” brodé et bordé de flammes jaunes… Et puis Thierry Théolier, aka THTH, la dépose sur la table. Il enlève aussi ses bagouzes, ses lunettes, tout son attirail. Ça lui pèse sans doute moins lourd. Parce qu’il en porte déjà pas mal sur ses épaules, des obsessions, des chaos, des mots, et pas des plus tendres. Tellement abrupts et opaques et fragiles et  qu’il ne les couchera peut-être jamais directement sur du papier. On le dit anti-écrivain, antilittéraire, et pourtant, c’est pas le goût de la langue qui lui manque. Son langage est comme trop paradoxal, cassant, contestataire de lui-même pour tenir dans les formes habituelles. L’“anti” n’a d’ailleurs jamais été “hors de”, au contraire. Et c’est même en antihéros qu’il est connu dans le coin : en refus constant de nos pseudo-héros contemporains, ceux qui se baignent dans le microcosme parisien, la hype, tout ça…

Enfin, c’est le plus naturellement du monde que THTH écrit sur le web, vit et vient du web, là où la réalité ne cesse d’être remise en question. D’ailleurs, tout au début de son bouquin Crevard, il ne faut pas s’étonner de recevoir un message instantané Microsoft Explorer de la part du bon vieux Blanchot qui nous prépare à « une matière sans contour, un contenu sans forme, une forme capricieuse et impersonnelle qui ne dit rien, ne révèle rien et se contente d’annoncer, par son refus de rien dire, qu’elle vient de la nuit et qu’elle retourne à la nuit. »