ULTIMATUM
Moi, inconnu de nom et d'esprit, de cœur et de chair, moi qui ne suis rien, mais ce que j'appelle rien et qui est quelque chose, même si je ne suis plus quelqu'un depuis que des inconnus camouflage-vertu valeurs criminelles sont venus ; galerie de mannequins " Combien vous dois-je mademoiselle pour le plaisir de vous avoir vue à la télé ? " vieux film marqué empreinte indélébile costumes griffés en accéléré House of wax = atelier du diable.
Moi, faible en vérité, me sachant innommé, privé de nom et pauvre en vertu, assailli par vos cohortes, je placarde sur vos portes cet ultimatum :
Vos jours sont comptés, comptés, comptés, et autrement comptés que les miens ou que les jours de ceux qui furent mes prochains, et le seront à jamais, quoi que vous fassiez contre le nom et l'esprit, contre la chair et le cœur; et comme je suis certain que vous le ferez, soyez certaines, menaces masquées de cire, que nous vous effacerons avant que vous n'ayez supprimé la révolte vivante que nous sommes jusqu'à la consommation des siècles. Et soyez certaines que j'utiliserai toutes les armes que je pourrai, contre vous, puissances expertes dans l'art de retourner les armes du combat contre le combattant ; soyez certaines que chacun des mots qui reviendra me blesser mille fois vous aura touché une fois et qu'à chacune de ces blessures je vous identifierai davantage : car il ne s'agit pas tant de vous faire disparaître que de vous faire apparaître. Alors nous pourrons vous voir face à face. Alors vous sera défendu le secret qui nous ronge, le mystère qui nous broie, la galerie souterraine, le boyau ; nous vous expulserons de nos cœurs de même qu'un ver solitaire ; nous vous purgerons de l'esprit avant que vous ne recommenciez une solution finale.
Je m'adresse à toi lecteur -- cet ultimatum est pour toi. La victoire est là. Mais toi, où es-tu ? Où es-tu ? Je ne sais pas. Je ne sais pas qui je suis. Et avec ça, avec cette absence de moi, cette absence de mât, d'axe et de centre, comment puis-je croire à ce pays de cocagne hideux, miroitant ainsi qu'une surface glacée où sont parallèlement tracés les rails de cocaïne absolument nécessaires au cadre surmené s'il veut tenir le rythme dicté par l'entreprise ? Par quel moyen puis-je me rapprocher de lui, me faire entendre ; réunir ceux que la réussite sépare, avec quelle voix ? Puis-je accéder à ce qui est un peu plus qui je suis, tandis que tout devient moins ? Je n'en sais rien… sauf que dans ces conditions nous n'avons plus grand chose à perdre. La vie telle qu'elle est méthodiquement conçue écoute-moi bien !" La vie telle qu'elle est confiée à ses spécialistes actuels se résume à un théâtre d'opérations ; d'ordre strictement stratégique, c'est une fonctionnalité existentielle dont le but n'est pas la lutte, mais la conservation d'une espèce humaine restreinte déterminée à révoquer l'élite véritable, notamment par la diffusion de drogue. " --, la vie telle qu'elle est méthodiquement conçue ne vaut pas le mal que l'on se donne à la conserver. Méfie-toi de tout, particulièrement du remède-suicide. Méfie-toi de moi. Si tu sens la mort dans mes lignes, si tu la sens t'ouvrir au néant et que tu n'en conçoives aucun effroi, referme bien vite ce livre ! il n'est pas pour toi. Dans le cas contraire fais ton devoir, le temps presse, la vie est brève. Concentre-toi. Cherche la manière d'être juste : présent, toujours présent. Le plus possible en tout cas… Choisis ton camp. Sois sans pitié.
JEAN-PIERRE SEDAN
Creuser le noir corporate et en faire sortir une lumière, une vérité blafarde sur tous ces suckers.